Véronique : Je m’appelle Véronique Parmentier, je suis née en 1955 donc je vais avoir 67 ans. J’ai deux enfants, Anne-Gaëlle et Allison.
Anne-Gaëlle : Anne-Gaëlle, je suis née à La Réunion. Ma famille est à La Réunion depuis 1850.
Véronique : La femme de demain, je la vois comme les filles. Je trouve qu’elles incarnent bien les futures générations. J’espère que la femme de demain sera autonome, dans sa pensée, dans sa manière de vivre. Dans ma génération, j’avais des amies, qui n’étaient pas heureuses en ménage, sont obligées de rester parce qu’elles n’ont pas de revenus. Et je trouve ça d’une tristesse… Ça a toujours été un peu mon combat pour mes filles. C’est de faire en sorte qu’elles soient autonomes.
Anne-Gaëlle : Pour moi être une femme aujourd’hui à La Réunion, c’est être « une tantine la roue », je plaisante bien sûr. C’est sortir de cette image caricaturale que j’ai pu avoir quand j’étais au lycée. Aujourd’hui être une femme à La Réunion, c’est du militantisme. C’est prendre une place à part entière dans le paysage économique, social et mondain réunionnais.
Véronique : La femme se comporte complètement différemment de l’homme. C’est-à-dire déjà par rapport de part sa nature, par sa manière de percevoir, de concevoir les choses, c’est évident qu’elle n’a pas les mêmes relations avec les gens. Je l’ai vu dans ma carrière professionnelle. Je l’ai vu parmi mes amies. Elles ont plus le sens du partage et de l’autre, plus de respect par rapport aux valeurs humaines. Pas toutes bien sûr. Il y a certaines filles qu’on peut croiser dans la rue ou qu’on connait, qui ont des comportements qui ne sont pas forcément appréciés et c’est là où les parents ont raté quelque chose.
C’est la même chose pour un garçon, ce sont avec des règles que l’on doit enseigner pour leur attitude, par exemple vis-à-vis des filles ou de femmes et même chose pour elles, avec des principes différents.
Avoir une attitude face à un garçon, c’est la même chose, c’est avec des règles qu’on doit enseigner comme un garçon doit avec une attitude vis-à-vis des filles ou des femmes avec aussi des règles et des principes différents. C’est différent, pas le même regard et il ne faudrait pas, c’est dommage. Dans un couple, une femme qui tombe amoureuse, elle a sa manière d’être amoureuse. L’homme qui tombe amoureux a aussi sa manière de l’être. Et c’est bien et ça rend les choses moins banales car on a chacun notre manière de voir les choses.
Anne-Gaëlle : Je reste toujours un peu vigilante sur la notion de militantisme notamment dans le féminisme. L’idée c’est de trouver des solutions pour faire pour et avec et non pas contre. Il ne faut pas que le néo-féminisme le racisme que nos parents et nos ancêtres ont combattu pendant des années. Dans mes valeurs, le métissage fait partie clairement de notre paysage. Je dirai même que toutes les filles, de ma génération, mes cousines, mes sœurs, on a privilégié le fait de pouvoir faire du métissage dans les générations futures pour casser un passif « gros blanc » qui n’a plus lieu d’être.
Véronique : Ce qu’il y a d’important comme valeurs à transmettre, ce sont des choses que j’ai reçu et que j’ai essayé de donner à mes enfants, c’est le respect. Le respect de l’autre. Se respecter soi-même déjà ! Ça peut aller loin. Quelqu’un qui se drogue, pour moi, il ne se respecte pas. Savoir aimer l’autre aussi. Quand je dis respecter, c’est aussi savoir aimer.
Anne-Gaëlle : Je pense qu’être parent aujourd’hui, même si je n’ai pas d’enfant, c’est moins facile. On a beaucoup gagné en conscience par rapport aux relations humaines. Avant un gamin faisait une connerie, on lui tapait dessus et puis il allait dans sa chambre et c’était terminé.
Véronique : Comme j’ai été dans l’éducation nationale, j’ai quand-même « un peu » réfléchi à tout ça. J’ai eu effectivement à conseiller des parents sur les attitudes à avoir vis-à-vis de leurs enfants. Donner de l’amour à vos enfants. Et ça je le sais parce que je le reçois maintenant. J’ai essayé de donner tout ce que je pouvais à mes enfants et elles me le rendent tous les jours. On se dispute, on peut s’engueuler de temps en temps mais une chose est certaine, c’est qu’il y a de l’amour entre nous.
Anne-Gaëlle : Le fait que je sois sourde, ils [mes parents] n’ont pas abordé mon handicap de la même manière. C’est surtout ma mère qui s’est investie pour que je puisse apprendre à parler. Et je peux parler de ma surdité avec ma maman alors qu’avec mon père c’est plutôt lui qui fait le sourd dans l’histoire. Je suis fière d’être sourde parce que ça me permet d’avoir accès au silence et de pouvoir me régénérer, de pouvoir prôner mes valeurs et de pouvoir vivre de ma passion. Je suis fière d’avoir appris à parler alors que je suis sourde profonde. C’est grâce à ma mère notamment.
Véronique : Mettre un enfant au monde, c’est être responsable de lui. Je ne vais pas dire toute la vie parce qu’il ne faut pas exagérer mais quelque part, quand on est maman, ce n’est pas que je me sente responsable mais je me sens impliquée dans la vie de mes enfants même si elles ont 40 ans. Il y a beaucoup de jeunes parents qui ne réalisent pas ce qu’ils ont eu la chance de faire en mettant un enfant au monde. Moi, je crois que c’est l’un des plus beaux moments de ma vie. C’est quand mes filles sont nées et que j’étais sur le lit de la maternité en me disant « j’ai fait ça ! » quoi. C’est quand-même la plus belle chose au monde…à mes yeux.
Anne-Gaëlle : La surdité, je sais qu’elle est très importante à La Réunion. Il me semble qu’il y a une gêne spécifique ici. Ce que moi ça m’a apporté c’est de prendre conscience que j’ai des limites, mais aussi beaucoup de ressources. Cependant, il faut être vigilant sur cette notion de capacité d’adaptation parce qu’il y a des moments où il y a besoin de se ressourcer, se régénérer, ne rien faire. Ça n’est pas pour rien que l’être humain dort. Je suis atterrée de voir à La Réunion, surtout le fait d’avoir grandi ici, de voir comme avant on se laissait bercer par notre « tropicalité », rythme en fonction du soleil, de la nature, des saisons et qu’on était tout à fait résilient par rapport à la nourriture qui était proposée sur notre terre. Aujourd’hui, je suis triste de voir que… même s’il y a beaucoup plus de confort de vie et de pouvoir d’achat… Mais ce mot « pouvoir d’achat » me rend malheureuse quand je vois les embouteillages que ça a créé. Taper des burn-out parce que la pression du travail qui devient très importante en plus de la vie familiale et la réalisation individuelle et personnelle. Ce n’est pas toujours très évident de retrouver son équilibre zen et apaisant là-dedans.
Véronique : Il y a des excès mais y en a eu aussi à mon époque. Il y en a eu aussi avant. Chaque nouveauté apporte deux facettes. Une bien et une moins bien. Et non, je ne suis pas persuadée que la vie d’avant était mieux. La communication…quand ma fille est née puis partie en métropole je suis restée un an sans la voir. Quand ma cadette est partie, il y avait internet, on prenait notre petit déjeuner ensemble.
Anne-Gaëlle : J’ai peur que l’avenir ne soit pas en adéquation avec cette notion de respect. Le respect de la planète mais aussi le respect entre les humains. J’ai peur qu’on continue à faire la guerre pour des intérêts économiques ou parce qu’il n’y a plus assez de ressources pour chacune des personnes qui vive ici…
Véronique : Moi, il y a une phrase que j’ai souvent dit à mes enfants et à mes élèves : « fait de ta vie un rêve et de tes rêves une réalité ». Cette phrase-là, je l’ai découverte…je devais être relativement jeune et ça m’a guidé. Je crois que c’est ça qui est important. Bien définir ce dont tu as envie et foncer. Si tu as envie de quelque chose, il faut foncer pour l’avoir.
Anne-Gaëlle : Celle de Gandhi « Soit le changement que tu veux voir dans le monde ».
Véronique : Si j’ai un message à délivrer aux femmes de maintenant, aux jeunes femmes que vous êtes, c’est de, prenez votre vie à bras le corps. Essayez de bien réfléchir à quels sont vos objectifs et mettez tous les moyens pour y arriver. Ne vous laissez pas arrêter ni par un homme, ni par des hommes, ni par d’autres femmes aussi. Tracez votre route. Ne vous laissez pas arrêter par des embûches. Quand il y en a en face de vous, dites-vous une chose, c’est que :
Ce site a été financé par l’Union Européenne dans le cadre du programme FEDER-FSE+ Réunion dont l’Autorité de gestion est la Région Réunion. L’Europe s’engage à La Réunion avec le fonds FEDER
Cookie | Durée | Description |
---|---|---|
cookielawinfo-checkbox-analytics | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Analytics". |
cookielawinfo-checkbox-functional | 11 months | The cookie is set by GDPR cookie consent to record the user consent for the cookies in the category "Functional". |
cookielawinfo-checkbox-necessary | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookies is used to store the user consent for the cookies in the category "Necessary". |
cookielawinfo-checkbox-others | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Other. |
cookielawinfo-checkbox-performance | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Performance". |
viewed_cookie_policy | 11 months | The cookie is set by the GDPR Cookie Consent plugin and is used to store whether or not user has consented to the use of cookies. It does not store any personal data. |
(Adresse ne recevant pas de public)
Utilisez le formulaire ci-dessous pour entrer en contact avec l’équipe de L’Hit.