MÉMOIRES DE FEMMES 2 : GABRIELLE NICOLE ET ERIKA

Gabrielle-Nicole : Gabrielle Nicole , j’ai 73 ans
Erika : Je m’appelle Erika Argente, j’aurai 36 ans dimanche , je suis chargée de compte chez un courtier en assurance d’entreprise.
Gabrielle-Nicole : Ma l’a grandi à ST Benoit jusqu’à 14 ans sans ma maman. J’ai perdu ma maman j’avais un an. J’ai tellement passé la misère avec ma petite mère et mon papa, mi était très malheureuse avec les coups. A 14 ans ,je suis allée travailler avec ma patronne. Ma patronne me considérait comme sa fille. Donc entre temps, elle a travaillé au Conseil Général, je l’ai suivie. Elle m’a embauchée au Conseil Général jusqu’à ma retraite. Jamais ma la pensé à faire d’autres métiers puisque ma jamais appris à lire. Si j’étais à l’école, j’aurais bien aimé travailler dans une crèche, avec les enfants.
Erika : Alors quand j’étais petite, moi je voulais être avocate. J’ai eu un parcours scolaire qui était pas chaotique, mais qui n’était pas adapté à mes rêves de petite fille. Donc après quand on est petit on a beaucoup de rêves et ceux qui ont réussi à atteindre leurs rêves, c’est génial ! Mais en grandissant on s’adapte. Je n’ai pas vécu mon rêve de petite fille mais je suis tout aussi bien.
Gabrielle-Nicole : Ce qui me rend heureuse c’est mes p’tits enfants.
Erika : Ma fille est très très proche de sa mamie. Il ne se passe pas un samedi sans qu’elle n’ai envie de voir sa mamie.Elle n’a pas encore 3ans et pour son jeune âge elle est très attentionnée: “mamie attention,attention au trottoir ,mamie mais qu’est ce qui se passe avec ton pied,mamie t’as mal au pied ? Mamie vient t’asseoir.”
Gabrielle-Nicole : Mais quand li vient chez moi, mi parle créole avec elle. Elle lé comprend. Elle a trois ans. Par exemple, un jour j’ai dit “ma p’tite bichique”. Elle m’a répondu “je suis pas bilique”.
Erika : J’ai trouvé le bon âge pour être maman parce que j’ai eu ma fille à 33 ans. Donc j’étais suffisamment adulte et réfléchie pour comprendre que c’est pas… un jeu. C’est pas facile, il faut avoir un minimum de temps, un minimum de finance, un minimum de trop de choses pour avancer.
Gabrielle-Nicole : Quand j’étais jeune, j’écoutais. Quand une femme était enceinte, c’était un pêché, un grand pêché. Faut aller confesser ! Mon dieu,si vous étiez pas mariée ,c’était vous la plus pécheresse. Vous êtes le démon parce que vous avez fait un zenfant sans mari,et puis les gens à côté disent :”ah,ça ,c’est zenfant de mon mari”. La dame de l’autre côté disait pareil. Elle était maltraitée. Moi en grandissant, j’ai vu tout ça là. Mais quand j’étais enceinte aussi pour mon premier enfant, j’étais pas mariée, c’était un péché.
Erika : J’aurais aimé être prévenue de tout ce qui se passe, de l’avant et de après, après l’arrivée de bébé. Je pense pas que les femmes n’ont pas envie de dire comment c’est la maternité. Quand je parle de la maternité, c’est quand on est enceinte et puis à l’arrivée de bébé. Je pense que ça s’oublie tout simplement. J’ai été très très entourée par mes amies qui m’ont dit : ”si tu as un coup de blues c’est normal, si tu as envie de retrouver ton ventre c’est normal, si tu te sens pas belle c’est normal.” Et tandis que maman, même si elle était proche, je ne sais pas si c’était une question tabou ou si elle a pas osé me dire que j’allais vivre par toutes ces émotions. Peut- être qu’elle a tout simplement pensé qu’elle elle l’avait vécu et peut être que je ne le vivrais pa , alors c’est pas forcément nécessaire d’en parler.
Gabrielle-Nicole : J’avais honte de …, parce que j’avais pas l’habitude de parler ça. J’avais honte de parler, je gardais pour moi et ce soir je vous dis, j’avais personne à parler alors je parlais avec mes enfants. Parce moi quand j’étais petite, personne ne parlait avec moi. Par exemple personne m’a aidée sur la vie sexuelle, je savais pas comment dire à ma fille. Alors,quand j’ai vu qu’elle était amoureuse, je l’ai pris par le bras, j’lai amenée chez le médecin, j’ai dit à mon médecin :”ma fille est amoureuse,explique ça pour mois’il vous plait.” Voilà.
Erika : Donc il y a eu tout le côté prévention qui a été fait par le médecin, évidemment à l’école aussi, par le collège. Elle s’est pas laissée démonter. Elle s’est dit “bon! Moi je peux pas le faire, mais je vais me faire aider” et c’est ce qu’elle a fait.
Le conjoint idéal pour moi, ce serait un homme à l’écoute, écouter aussi avec ses yeux. Je développe : un homme qui voit qu’on n’est pas bien ,et qui sait dire :”ben qu’est ce qui se passe, mauvaise journée ? Qu’est ce que je peux faire pour toi?” Un homme qui rit tout le temps , qui sache cuisiner, très important.
Gabrielle-Nicole : Pour moi un bon mari…la femme et le mari travaillent. Le soir, on rentre, “bonjour ma chérie, comment t’as passé la journée”. Ca c’est un bon mari, malgré ses misères. Mais s’il arrive, il va de son côté lire son journal, il regarde la télé et la femme qui fait cuire à manger, j’appelle pas ça un bon mari. Le mari aide la femme dans la cuisine, aide avec les enfants, baigne les enfants, donne manger aux enfants. Ca c’est un bon mari. Par exemple, avant, les femmes baissaient la tête devant un homme mais moi, j’ai pas baissé la tête devant mon mari

,et j’ai dit avec ma fille: “faut jamais baisser la tête devant un homme”.Si vous avez envie, il faut disputer , s,il comprend pas la discussion, une fois ,deux fois ,trois fois ,après c’est fini .Mais ne baisse pas la tête ! Si tu dis il faut faire ça, tu fais ça,si t’as pas envie de faire , tu fais pas.
Erika : La femme, elle est prête à accepter beaucoup de choses pour plusieurs raisons; parce que déjà ,elle est forte , tout ce qu’on lui demande de porter, elle le porte.Du coup ils profitent un peu de ça ;donc ,je pense aussi qu’ils sont persuadés que la femme est le sexe faible .Au final, ils ont besoin d’un défouloir, parce que pas suffisamment de courage pour affronter la réalité, ou pour dire les choses à d’autres personnes.
Gabrielle-Nicole : Alors lui ,mon mari,,il a été gentil mais c’était lui le mari;c’est lui qui me commandait. Un jour, il m’a dit qu’il m’avait achetée. Ça jamais ,j’ai oublié.”Ton papa , il m’a permis de vous acheter donc vous êtes à moi”.J’ai dit avec ça , et j’ai pris ,j’ai jeté sur lui , , on a roulé ,roulé, on a tombé dans les égouts et là je suis partie au poste de police . Mais avant les policiers ne vous écoutaient pas.Ils disent:” retourner chez vous ,vous devez écouter votre mari”. J’ai dormi chez des amis , je suis partie travailler ,j’ai cherché une p’tite chambre.
Erika : On est à une époque où les tabous sont en train d’être brisés ,sur les maltraitances physiques ,morales.Il y a beaucoup plus d’entraide féminine… où les femmes ont décidé de se dire :on va plutôt s’entraider et se relever ensemble plutôt que de se relever toute seule Parce c’est important de s’entraider et que en fait le féminin c’est une très grosse communauté .
Gabrielle-Nicole : J’aurais voulu avoir un club mais que des femmes ,des petites , des moyennes , des grandes ,des vieilles pour discuter ensemble .
Erika : Une expression créole que j’adore, c’est :” pas capable lé mort sans essayer”…je l’ai dit une fois à un stagiaire que je formais dans le cadre de sa formation et un jour où il était complétement démoralisé,je lui ai dit:”ben, pas capable est mort sans essayer.Si ou décourage aou maintenant ,ben va pas going aller plus loin. Donc soi ou essaye, ou sa va plus loin mais personne va essayer pou ou;en fin de compte ,décourage pa ou maintenant ? Fonce , continué, continué sur cette lancé ,là.
Et quand il a eu son diplôme , il m’a dit :”Mme Arginte, j’ai toujours , ce que j’ai jamais oublié surtout, c’est ce que vous m’avez dit ,une expression que je ne connaissais pas” .C’est resté gravé dans sa petite tête ,quoi !Tellement de choses qu’on peut faire…surtout en tant que femme.
Beaucoup de personne nous fait croire qu’on est pas capable de faire et en fait,on est capable de beaucoup de choses ,nous.”Dans ce monde qui est le tien, va, vis ,rêve! et voilà.

MÉMOIRES DE FEMMES 2 : LILIANE ET LYLIA
MÉMOIRES DE FEMMES 2 : ALIETTE ET MIRELLA
MÉMOIRES DE FEMMES 2 : LUCETTE ET MAGUY
MÉMOIRES DE FEMMES 2 : LÉA ET SHANNA
MÉMOIRES DE FEMMES 2 : GABRIELLE NICOLE ET ERIKA
MÉMOIRES DE FEMMES 2 : MARIE CELINE ET CHRISTELLE
MEMOIRES DE FEMMES 2 : CHANTAL ET AUDREY
MEMOIRES DE FEMMES 2 : CHARLINE ET JADE
MÉMOIRES DE FEMMES 2 : MAURICETTE ET CORALIE
MÉMOIRES DE FEMMES 2 :MARIE LOUISE ET EMMANUELLE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

4 + 1 =

Nos actions

FANM DAN KARTIÉ BAS DE LA RIVIERE
FANM DAN KARTIÉ BOIS DE NEFLES
FANM DOBOUT ! - EN NOVEMBRE
JOURNÉE PARENTALITÉ - EN SEPTEMBRE

Suivez nos actions sur les réseaux

Faites un don

72 allée des filaos
97400 Saint-Denis

Tel : 0692 40 89 85

(Adresse ne recevant pas de public)

Contact

Utilisez le formulaire ci-dessous pour entrer en contact avec l’équipe de L’Hit.

    cinq × 5 =